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Etre français aux USA

Le mois de juillet vient de se terminer et comment dire ? Il a été compliqué ce premier mois d’été. Retour sur mes impressions après deux mois de printemps en France, dans mon nouveau pays : les USA.

Depuis quelques années, en fait surtout depuis que je voyage, je ne me sens pas vraiment française, mais plutôt européenne à la limite, Europe géographique bien sûr. Je ne renie absolument pas le fait que je sois française, j’ai bien conscience de la chance que j’ai de venir de ce pays, d’avoir ce passeport et tout ce qui va avec, je ne fais pas du tout mon ingrate, promis. D’ailleurs, après avoir passé plusieurs mois dans le nouveau monde, je suis sûre qu’un jour (dans les années proches qui viennent) je retournerai m’installer dans l’hexagone. Je n’ai par contre pas un coeur très patriote, surtout en comparaison avec les américains, qui vivent pour l’amour du “stars and stripes“. Je me suis cependant rendue compte depuis quelques semaines qu’un phénomène étrange s’emparait de moi.

À chaque fois que l’on rencontre un non francophone, que ce soit dans un cadre professionnel, au supermarché ou ailleurs, les gens ont toujours envie de te dire LE mot français qu’ils connaissent. Ce sont toujours des mots basiques et polis, même si de temps en temps, une insulte s’immisce là dedans, elle est toujours dite avec un grand sourire ! L’autre penchant par contre, c’est que tout le monde sait que tu es français (ou du moins francophone) avant même que tu ne l’aies dit. Et pour ça, on peut se lever et applaudir bien fort cette chose merveilleuse et aussi discrète qu’un 4×4 sur une route de campagne, j’ai nommé le charmant accent français bien sûr ! Alors oui, tout le monde trouve ça chic et mignon, mais bon, moi, ça m’agace un peu (en même temps j’ai qu’à prendre des cours de prononciations) ! Je suis toujours un peu étonnée par les moeurs des américains qui ne sont pas forcément raccord avec celles des français. En France, par exemple, je ne me gênerai jamais pour faire remarquer à quelqu’un que j’aime sa nouvelle coupe de cheveux, ou ses chaussures. Ici, c’est impensable, ça serait vraiment impoli de faire ce genre de remarques. Par contre, pour te faire remarquer que tu as un bon gros accent, genre t’es pas au courant, là, il y a du monde ! Mais là, ça ne parait pas du tout impoli. Je préfèrerais qu’on me face des remarques sur mon physique que sur mon accent, j’ai toujours l’impression qu’il y a marqué “immigrée” sur mon front. L’autre jour, avec Quentin nous marchions dans un parking en discutant, une jeune américaine enlève ses écouteurs, se retourne vers nous et nous demande avec un air impassible “Do you speak in french?” on a acquiescé, elle a remis ses écouteurs puis est partie… Bizarre !

Ce sentiment étrange donc, c’est un peu comme une petite lueur bleu/blanc/rouge (j’avais mis flamme à la place de lueur et ça faisait vraiment trop FN, CE QUI N’EST ABSOLUMENT PAS MON PROPOS!) qui vacille et chancelle quelque part dans ma tête. Quand j’étais partie vivre en Inde, ça ne me l’avait pas du tout fait, mais alors vraiment pas. Prise dans un mini trip hippy propre à l’Inde, je me sentais citoyenne du monde totalement en phase, même si tout n’était pas rose dans mon quotidien et dans celui de ceux qui m’entouraient. J’ai tout de même conservé un peu ce sentiment, en plus de mon côté européen et français.

Ce sentiment “patriote”, à défaut de trouver meilleur qualificatif, a commencé à pointer le bout de son nez le 4 juillet et continue de se faire son nid au chaud dans mon cerveau.

Le 4 juillet

J’étais à peine revenue de mon séjour en France quand la fête nationale a commencé à s’afficher sur toutes les maisons et les bâtiments publics. Ils ne rigolent vraiment pas avec la déco ici, c’est une folie ! Le 4 juillet, tu te dis que c’est le BIG EVENT de l’année, le truc à ne surtout pas louper, que c’est à ce moment que tu vas rencontrer l’Amérique et que la patriotic ferveur va t’habiter. Et bien ça n’a pas vraiment été le cas. D’abord, et ça doit surtout être à cause de ça, le 4 juillet 2016 est le seul jour de ce mois où il a plu, mais plu tellement qu’énormément de feux d’artifices ont été repoussés au lendemain. Quand tu te les pèles et que tu es trempé jusqu’aux os, tu n’as pas vraiment le coeur à faire la teuf ou un barbecue. Non mais franchement, on n’a même pas pu faire un barbecue pour le 4 juillet, c’est comme ne pas pouvoir faire de dinde à Thanksgiving (oui oui je suis bien végétarienne) !

Du coup, un peu déprimés par cette non-expérience, nous avons regardé les festivités de l’Independance Day de Washington DC à la télévision. Il y avait plein de gens super maquillés et botoxés, inconnus pour nous, mais acclamés par une foule de ponchos de pluie multicolores en délire devant le Capitol. L’émission s’est terminée par le traditionnel feu d’artifice tiré à l’autre bout du Mall au dessus du Lincoln Memorial. Mais il s’est passé quelque chose d’un peu bizarre. Suivant les plans, le ciel n’était plus le même sur certains il était beau et dégagé, permettant d’admirer la beauté du spectacle pyrotechnique, sur d’autre, il était recouvert d’une grosse couche de nuages au-dessus desquels éclataient les boules de feu. Ces gros malins de la télé ont pensé qu’on était trop bête pour remarquer qu’ils avaient entremêlé des images de ce 4 juillet 2016 avec celles de l’an dernier pour que ça paraisse plus télégénique ! En voyant ça, on n’a pas trop regretté de ne pas être allés assister au spectacle.

Independance day's fireworks
Independance day’s fireworks

Bref, on n’a fini par aller regarder le feu d’artifice le 5 juillet au dessus du lac de Greenbelt, dans notre petite banlieue. Je peux vous dire qu’ils ne lésinent pas sur les moyens, j’ai jamais vu un feu d’artifice aussi énorme, alors que vraiment c’est une toute petite ville ! Par contre je n’ai pas pu m’empêcher de penser, parce qu’on est aux USA et que dans ce pays j’y pense souvent, que si un taré avait une petite envie de venir dans cette foule captivée par les festivités du 4 juillet, et d’allumer tout le monde à coup d’arme à feu, personne ne s’en rendrait compte. J’étais loin, bien loin, d’imaginer ce qui allait se passer 9 jours plus tard à Nice.

L’euro de foot

Finale de l'Euro au Queen Vic pub
Finale de l’Euro au Queen Vic pub

Mon retour de France a été pas mal accompagné par l’Euro de football. Pour vous situer, je suis autant fan du ballon rond que je suis patriote, donc vraiment je ne me sens pas du tout concernée par la question. Mais bizarrement, d’être loin, j’ai eu envie de regarder. Alors c’est vrai que j’aime bien certaines compétitions de sport internationales comme les jeux olympiques par exemple. Je suis tellement contente d’être du bon côté de la planète pour pouvoir en profiter cette année. Pour les deux derniers matches, on a été dans des bars de Washington et c’était vraiment cool, il ne me manquait plus qu’une bonne bière pour pouvoir en profiter mais ça sera pour la prochaine fois. Il y avait très peu de français mais des supporters tricolores il y en avait pas mal par contre. Et c’était assez fou de voir la ferveur qu’ils y mettaient alors qu’ils n’avaient pas vraiment de raisons d’être concernés. Mais ça m’a fait du bien d’avoir partagé ce moment avec des américains. C’était bien drôle !

Bastille Day ou le 14 juillet

Après un 4 juillet mitigé, j’avais hâte de me retrouver au 14. Bon d’abord parce que c’était un jour d’échographie et que la journée ne pouvait être que bonne, mais aussi parce que nous allions retrouver nos compatriotes à l’ambassade de France de Washington.

L'ambassade de France de Washington
L’ambassade de France de Washington

Dans la file d’attente pour pouvoir atteindre l’ambassade, en passant le temps sur nos smartphones à la recherche d’un Pokémon, on a appris l’horreur qui venait de toucher Nice. Et ensuite tout a été compliqué, un peu comme “à chaque fois” après un attentat. Les serveurs avaient reçu pour consigne de ne pas servir de Champagne par respect pour les victimes, mais la bière et le vin, ça, ça allait. Les personnes présentes se jetaient sur les buffets de fromages et de pains comme s’ils n’en avaient pas mangé depuis dix ans. Il faisait tellement chaud. Tout le monde était sur son 31, sauf nous. Les gens ne se mélangeaient pas, n’étaient pas très aimables. Il a fallu que je m’y reprenne à six fois pour que quelqu’un accepte de me céder une chaise, on se serait cru dans le métro parisien. LAISSEZ VOS SIEGES AUX FEMMES ENCEINTES, CROTTE ! C’est là que je me suis dit que finalement la France ne me manquait pas vraiment. Mais j’ai été envahie par un sentiment assez désagréable de ne plus trop savoir où était ma place.

Je crois que j’espérais passer une bonne soirée conviviale et amicale pour penser à autre chose qu’à Nice, que quelque chose de positif ressortirait de cette triste soirée, mais ça n’a pas vraiment été le cas. J’ai quand même enfin rencontré Laetitia, ce qui a été la bonne note de cette soirée (Laetitia et les macarons quand même).

Tout cela bien évidement relève d’une expérience personnelle. Même si je sais que je ne suis pas la seule à avoir ce petit côté chauvin, Laetitia que je suis sur Instgram depuis mon arrivée à DC et qui me sert un peu de guide touristique, a partagé un lien qui m’a fait sourire sur les 7 choses que tous les français aux USA ont dans leur frigo. Du coup je me suis sentie un peu moins seule dans ma recherche quotidienne d’un petit peu de France sans trop en vouloir non plus. Chacun a sa vision, son sentiment, et le mien est tout à fait susceptible de se modifier et d’évoluer avec le temps. Je connais pas mal de gens, de français, qui ne se verraient pas vivre ailleurs qu’aux USA, qui n’ont aucune envie de revenir en France pour autre chose que pour des vacances. Et je comprends très bien ce sentiment. Mais pour le moment en tout cas ce n’est pas celui qui m’habite. En attendant, je profite d’avoir mon cul au milieu de l’Atlantique, entre deux chaises sans savoir sur laquelle je veux m’asseoir. Je ne regrette rien de notre choix de vivre notre aventure américaine et chaque jour je la savoure, peut-être parce que je sais qu’elle ne va pas durer éternellement.

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