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Appalachian Trail

Au mois de janvier, je rencontrais Louise pour de vrai. On s’était déjà rencontré virtuellement il y a trois ans. On avait pris contact via nos blogs pour une collaboration pour fêter les 500 likes de la page facebook de son bébé blog : Je beurre ma tartine.

En début de cette nouvelle année, je me rends compte sur Instagram qu’elle est à New-York, alors que je m’apprête à m’y rendre. De fil en aiguille, on se rencontre, elle me fait visiter l’université de Columbia et on boit des bières ! Elle m’explique que, pendant son séjour universitaire à la grosse pomme, elle va avoir droit à une semaine de vacances pour le Spring Break. Plutôt que de partir en Floride pour faire l’expérience de la déchéance de la jeunesse américaine, elle aimerait faire quelque chose, mais sans trop savoir encore quoi. Ouverte à la nouveauté et à l’aventure, je lui dis sans savoir ce qui m’attend “Si tu n’as personne pour t’accompagner, moi je veux bien !”

Une semaine plus tard, elle me propose non pas d’aller nous balader à Boston comme on avait pu en émettre l’idée, mais de se faire une portion de l’Appalachian Trail. Elle avait une grosse envie de NATURE! Vivant à Greenbelt, la nature je n’en manque pas trop mais se présentait à moi une occasion un peu dingue de se faire 5 jours de randonnée dans ce nouveau pays, alors j’ai dit “Super, allons-y !”. Je vais être honnête tout de suite, je n’avais jamais entendu parlé de l’Appalachian Trail. Je savais qu’on allait marcher dans les montagnes, avec le mot “Appalachian” c’était difficile de me tromper, mais vraiment à part ça je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait ! Je suis un peu sportive mais je suis loin d’être une athlète, alors la perspective de faire endurer à mon corps une telle activité physique m’effrayait un peu, mais j’étais vraiment motivée ! En plus, la motivation était d’autant plus facile à avoir que je ne me suis vraiment occupée de rien. À part dire, “Ok on y va !” et m’acheter des chaussures de marche, je ne me suis pas vraiment préoccupée des préparatifs. C’est d’ailleurs pour cette raison, que les points pratiques et techniques vont vous être expliqués par Louise dans un prochain article !

Le premier jour, on a commencé à marcher avec un passage à l’heure d’été donc on était un peu décalées d’une heure. Quentin nous a déposé à Manassas Gap, sur un petit parking, on a mis nos sacs, fières comme des coqs ou plutôt comme des poules et on est parti la fleur au fusil ! On a fêté notre premier “mile” comme si c’était le centième et qu’on était des super-héroïnes ! On n’avait aucune idée de la cadence de marche qu’on pourrait avoir et franchir ce premier “mile” si rapidement nous a paru être un exploit mais il en restait quand même 49 donc bon… On s’est arrêté un peu au milieu de nulle part après avoir fuit un groupe de chinois un peu bruyants. On a mangé notre soupe de mac & cheese qui auraient normalement dû être des simples pâtes au fromage mais comme il fallait rajouter “1 cup” d’eau chaude, on n’a pas vraiment su doser. À 14h on avait fini notre première journée après 6,9 miles de marche. On s’est trouvé un joli “shelter” et on a attendu longtemps. Un shelter c’est un simple abri, avec trois murs et un toit, avec un côté ouvert sur la nature. Très sympa pour profiter de la vue mais beaucoup moins en ce qui concerne l’isolation thermique. Vers 16h deux américains sont arrivés Scott, un cuisinier très très en chaire qui avait l’air d’être au bout de sa vie et sa fille Mary beaucoup plus en forme. Ils se sont installés à côté de nous et ont sorti leur saucisson et leurs Babibels en nous expliquant que tout les ans ils faisaient une petite partie du trail, pour arriver un jour à l’avoir fait d’un bout à l’autre, cette année ils étaient partis un peu avant notre point de départ mais ils avaient prévu d’arriver comme nous à Harpers Ferry. Alors que Louise en mode pandi-panda hyper cernée tentait de résister à l’idée de s’endormir à 17h30, nos nouveaux compagnons emplissez notre modeste abris d’odeurs de nourriture pas très appétissante. Nous avons fini par manger le plus tard possible nos ramen pendant que Mary préparait un sachet déshydraté de boeuf stroganoff, de la purée et une crème brûlée. Puis nous avons tous capitulé avant le soleil vers 19h.

le premier shelter
le premier shelter

Le lendemain on s’est levé un peu à l’arrache vers 7h, à cause du changement d’heure on était pas très callé, on a remballé toutes nos affaires, brossé nos dents, dit au revoir à Scott et Mary qui finalement n’allait pas continuer leur chemin, mais ils allaient plutôt aller manger un bon ragout chez la grand-mère qui vit dans la petite ville de Paris non loin de là. Quand on a vu la suite du trail on s’est dit que Scott qui avait l’air au bout de ses forces en arrivant la veille après une marche assez simple, n’aurait jamais pu le faire. On est donc parti rempli d’énergie  à travers une forêt assez plate et totalement embrumée, on se serait cru dans un film d’horreur! Et à 13h nous avions déjà atteint notre objectif de la journée. Vu comme on avait lutté la veille pour ne pas mourrir d’ennuie et de froid on s’est dit que ce n’était pas possible de faire une deuxième journée comme ça. On a donc décidé de continuer notre marche jusqu’à un shelter dans lequel nous n’avions pas prévu de nous arrêter. En regardant le dénivelé qui nous attendait, on s’est dit que ça irait mais je crois qu’on n’avait pas vraiment idée du choix que nous avions fait. Cet après-midi a été une torture, surtout pour moi, à enchainer les montagnes, les unes après les autres avec un sol constamment jonché de roches aiguisées et de cailloux par milliers. Oui c’est le moment où je fais des rimes! Après l’épuisement d’avoir gravi une montagne, au sommet et malgré un brouillard toujours plus épais, on faisait face à la prochaine montagne à laquelle il allait falloir s’attaquer. J’ai bien cru que je n’y arriverai pas. Cet après-midi a vraiment été le pire mais en arrivant au fameux shelter à 19h10, soit 15 minutes avant le coucher du soleil, après 15,5 milles, soit 25 km, on était tellement fières et soulagées de l’avoir fait qu’on n’a pas regretté ! Les ramens ce soir là ont été une vraie récompense, c’est pour dire!

La jolie forêt enchantée
La jolie forêt enchantée

Le troisième jour est arrivé et les premières douleurs ont commencé à se faire sentir, le mal de dos pour Louise et le mal aux genoux pour moi. On s’est dit qu’on aurait du s’étirer la veille, trop tard ! On a donc commencé cette journée avec les douloureux souvenirs de la veille surtout que la matinée s’annoncée aussi difficile que le calvaire de la veille. Comme les jours précédents, on n’a pas vraiment pu profiter des points de vue puisque la brume était vraiment très dense. Mais vers 15h, on a enfin dit adieu aux trucs pas cool. Adieu le brouillard, bonjour soleil et jonquilles. Adieu grosses montées, bonjour plats. Bon on n’a pas pu vraiment dire adieu à la caillasse même si il y en a eu beaucoup moins par la suite. Cette troisième journée de 13,5 milles s’est terminée avec un très beau couché de soleil et une jolie vue sur la vallée et la montagne voisine mais toujours sans feu. Tels les aventuriers de Koh-Lanta, j’ai voulu apporter le feu à ma tribu mais j’ai largement échoué! Ce shelter était vraiment trop mignon, avec une petite balancelle, le seul inconvénient c’est que la source se trouvait à 1 mile au bout d’une longue décente, je ne vais pas me plaindre, c’est Louise qui s’est tapé l’aller-retour deux fois mais c’est vrai que c’est pas ce qu’il y avait de plus pratique ! Après deux nuits pas forcément terrible, on a fini par trouver comment s’apprêter pour passer la meilleure nuit possible. Malheureusement Louise avait un matelas percé depuis le premier soir donc pas du tout confort. Mais elle avait bien chaud. Moi c’était un peu l’inverse.

Martine à la montagne
Martine à la montagne

Le dernier jour est arrivé. Et le programme était assez simple : de la pente, de la pente et encore un peu de pente. Heureusement parce que pour une fois le soleil était de la partie et la chaleur est très vite montée. Le problème de cette dernière journée c’était l’eau. On n’avait pas accès à un point d’eau entre le shelter et l’arrivée, soit 9 miles avec seulement 3L d’eau pour la cuisine et à boire. Un peu léger surtout quand il fait un peu chaud. Et puis le dernier jour il y a un élément qui n’aide pas, un peu comme si on était des enfants, on a gardé en tête pendant les trois dernières heures “Quand est-ce qu’on arrive ?”. En plus on croisait des gens qui nous disaient, “Allez, courage vous êtes presque arrivées !” Les menteurs ! Après sept heures de marche et avoir traversé un pont immense au dessus du Potomac et à côté des voitures et des camions, on a enfin vu un panneau “Harpers Ferry“, nous étions JOIE ! On avait le choix entre deux chemins, un sur le bitume à 1,1 mile et un autre dans la montagne à 1,2 mile, pour le peu de différence, on s’est dit que c’était quand même mieux de finir le trail comme on l’avait commencé : dans la nature. Ce dernier mile a été dur et long. Et puis on a enfin fini par arriver à destination, épuisées mais super contentes ! En plus, dans le village, tout le monde est habitué à voir des randonneurs, alors tout le monde te parle “Vous venez d’où ?”, “Vous avez marchez combien de temps ?”, ” Bravo !” , “Ah super, moi aussi j’ai envie de la faire.” Ça fait quand même bien plaisir. Nous avons tout de même célébré notre petite victoire personnelle avec un bon gros burger pour Louise et douze verres de thé glacé pour moi ! Il y a quand même quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout, c’est le bruit. Je pensais qu’on serait baigné par des bruits de forêt et des phases de silence profond, et bien non pas du tout ! Il y a tout le temps ou une route pas très loin, genre une nationale qu’il va falloir traverser à pied, ou alors une voie de chemin de fer ou un couloir aérien ou encore une tronçonneuse. En gros, il y a toujours de la pollution sonore humaine, peut-être que ce n’est que sur cette portion, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable et ce n’est pas non plus les meilleures condition pour un retour total aux sources !

Martine et ses jolies chaussettes
Martine et ses jolies chaussettes

Je me suis un peu laissée embarquée dans un projet dont je ne connaissais rien. À part “Into the wild” et “wild” je n’avais pas beaucoup d’idée sur la randonnée aux USA. Je suis vraiment contente de l’avoir fait mais je ne pense pas que je recommencerai. Non pas parce que ça ne m’a pas plu. Mais je ne sais pas trop comment l’expliquer. Je trouve ça cool de se faire une marche sur deux jours, mais pour plus longtemps je ne suis pas sure que ça me tente. Quand je vois les personnes qui font le trail complet de 2100 milles sur 6 mois je ne comprends pas trop, en même temps personne ne me demande de comprendre ! Mais en tout cas c’était une très bonne expérience !

Arrivée à Harpers Ferry
Arrivée à Harpers Ferry

Un petit bilan chiffré pour vous donner une meilleure idée. En 4 jours au lieu de 5 initialement prévus, on a totalisé 50 miles soit 80 km avec des sacs pesant entre 15 et 20 kg. On a seulement eu 2 ampoules à nous deux, enfin surtout pour moi puisque Louise y a échappé. 0 bobo à part ça, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Tout compris on a du en avoir pour un peu moins de 200$ chacune. Et on a vu 1 lapin, 1 Northen Cardinal (l’oiseau rouge de Angry birds), 1 souris morte (je sais pas si ça compte vraiment!) et au moins 7 ou 8 biches. Pas d’ours, ni de serpent, ni de renard, ni de raton laveur, ouf pour certains, dommage pour d’autres, même si sur le chemin du retour en voiture, arrivés à Greenbelt, on a quand même vu un racoon!

Je profite de cet article pour remercier Louise de m’avoir embarqué dans ce projet un peu foufou et lui faire des gros bisous ! #coeuraveclesdoigts

les plus belles au sommet de leur beauté
les plus belles au sommet de leur beauté

3 thoughts on “Appalachian Trail

  1. Ah! J’ai trop de questions!! Je voudrais en faire une partie avec mon mari (en prepa pour le camino de Santigo qu’on compte faire en 2019 pour le 40ans de monsieur) mais l’aspect technique de le planifier (premiere question bete: la voiture? Faut bien arriver et repartir de deux points differents…) me coince un peu pour l’instant. More posts 😉

    1. C’est vrai qu’on s’est posé la question de la voiture. Ce que tu peux faire, c’est choisir un point de départ et d’arrivée avec une gare pour faciliter les transports.Tu peux aussi claquer plein de sous dans un super taxi qui te ramènera jusqu’à DC. Nous ce qu’on a fait avec Louise, c’est que mon mec nous a amené en voiture à notre point de départ et il est venu nous chercher à notre point d’arrivée, les deux étaient à 1h30 de route de DC donc tout à fait faisable. Cette portion de Manassas Gap à Harpers Ferry sur 4 jours peut être un très bon entrainement avant d’envisager un défi plus grand. Pour demain on prépare un article avec tous les tuyaux nécessaires pour bien préparer sa rando.
      Hésite pas si tu as d’autres questions !

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