Je suis un peu “énervée” contre moi-même par ce que je voulais vous parler de cette belle exposition plus tôt puisqu’elle ferme ses portes dans douze jours! Ceci dit pour la plus part d’entre vous ça ne va pas changer grand chose puisqu’elle se tient à Washington DC. Mais vous pourriez tomber sur une exposition du même photographe ailleurs dans le monde et dans ce cas il faudrait y aller!
Aujourd’hui donc je vous parle d’une belle exposition de photographies qui se trouve au Smithsonian American Art Museum. C’est une exposition du l’oeuvre du photographe Irving Penn intitulée “Beyond Beauty“, la première rétrospective depuis vingt ans. Cet artiste est principalement connu pour ses clichés pour Vogue, ses photos de mode et ses portraits. Il a d’ailleurs réalisé 160 couvertures du magasine en cinquante ans. Ce sont vraiment des images fortes et esthétiques sans être aseptisées, elles sont profondes, dérangeantes ou vibrantes mais surtout elles sont incarnées. Il a été l’un des premiers artistes à traverser le gouffre qui sépare la photo de magasine et la photo d’art en gardant le même procédé de travail : la photo de studio. Qu’il photographie un mannequin, Marcel Duchamp, Gisele Bündchen, des anonymes dans son pays ou ailleurs ou un camembert coulant, son dispositif est toujours le même, le studio. Il dégage toujours le sujet qu’il va photographier du contexte social qui l’entoure pour l’isoler et attirer l’attention sur ce qu’il est vraiment, ou pour les photos de mode, ce qu’il porte. Libérer le fond lui permet, pour ses clichés pour Vogue de mettre en valeur à la fois la personne et non le mannequin mais également les vêtements qu’il porte.
Irving Penn a également beaucoup voyagé. Dans les années 50, il est parti faire des séries de portraits au Pérou, au Maroc, au Cameroun et en Nouvelle-Guinée. Des portraits toujours aussi incisifs et justes, toujours en studio, sans ambiguïtés liées au colonialisme dans un contexte historique un peu compliqué. Mais simplement pour mettre la beauté et la personnalité à l’honneur peu importe la notoriété ou la couleur de peau. Il voulait faire voir la culture, la beauté de la différence. Il voulait montrer les femmes, surtout, peu importe leur culture ou leur pays. Elles sont toujours traitées avec la même précision et la même émotion.
L’artiste, mort en 2009 à 92 ans, laisse derrière lui une profusion incroyable de photographies qui font de lui l’un des photographes les plus cher. Il a longtemps été boudé par le monde de l’art parce qu’il était trop commercial. Comme beaucoup d’artistes il a fallu qu’il attende la fin de sa vie pour être reconnu.
Plusieurs de ses clichés ont été donnés au centre Pompidou, vous pourrez certainement en trouver pas loin de chez vous. Sinon le Metropolitan Museum of Art de New York a déjà annoncé qu’il ferait une grande retrospective en 2017 pour fêter le centenaire de la naissance d’Irving Penn. Et je vous reparlerai bientôt de ce merveilleux musée qui est un peu le Louvres du coin!